Démarche

Utiliser exclusivement l’autoportrait, s’en servir de vecteur pour explorer l’intime.
Répéter scrupuleusement le principe.
Jusqu’à en atteindre la lie.
Fermer et masquer la lumière provenant des fenêtres.
Faire face au miroir et voiler le corps de peinture.
Grimer une main, un bras, une partie du visage, …
Ne pas céder aux concessions, ne pas user de couleurs.
Laisser le noir et le blanc accentuer les contrastes,
comme des instants suspendus,
comme des empreintes de silence,
de solitude, et parfois de cris.
Utiliser divers médiums comme autant de cicatrices pour faire surgir l’invisible.
Gratter la surface.
Découper sa propre intimité.
Se montrer telle quelle, et pourtant ne jamais apparaitre.
Oter successivement ces couches qui masquent l’essentiel.
Interroger l’identité, dont la complexité n’est qu’une succession de questions.
La photographie intervient ici comme révélateur, rendant visible ce qui ne l’est pas :
les émotions, les pensées et les obsessions.
Il n’est alors plus question de miroir mais de signifiant.
Il n’est plus question d’autoportrait, mais de questionner les rapports de l’être et du paraître.
De l’homme en général.
Un voyage silencieux fait d’interrogations.
Comme un besoin de regarder tout cela,
comme pour enfin regarder autre chose.
Autrement.
Rachel Locatelli.